Cela passe généralement inaperçu, mais chaque année en décembre, Pile Ou Strass souffle une bougie de plus. Cette année, cela a failli être la dernière. La faute à la crise du milieu de vie ou à la pression sociale ?
Toujours est-il qu’un poste dans mes cordes étant à pourvoir sur la région, beaucoup de personnes m’ont encouragée à envoyer ma candidature. Il faut dire qu’à la base, j’appartiens à la catégorie des slashers, ces Gens étranges qui ne trouvent leur équilibre qu’en cumulant 2 activités. Or, depuis quelques mois, je m’en tiens sagement à mes activités éditoriales par la force des choses (un projet qui a avorté). Et certains jours, je me sens un peu moins vivante qu’avant. Je couine un peu, je tourne en rond, même si en même temps j’adore mon job… Oui : parfois, je me dis que j’irais bien voir ailleurs si l’herbe n’est pas un peu plus verte. Alors, j’ai franchi le cap il y quelques semaines, en envoyant effectivement mon CV.
Dans un premier temps, il faut que je te raconte mon entretien digne d’une oeuvre surréaliste, pour que tu comprennes bien le truc. J’ai donc été accueillie (plus ou moins) par une dame que nous nommerons Anna Wintour. Laquelle (ne connaissant sans doute pas le Marketing pour les Licornes 😉 !) n’est pas très familière du monde merveilleux et coloré du web en général et du webmarketing en particulier. Elle était donc entourée de ses experts pour juger de mes compétences (jusqu’ici, tout va bien!). Bon, je ne vais pas te mentir : j’ai péniblement lu Le Diable s’habille en Prada et je n’ai retenu du film que les vues de NY.
Avec une mauvaise fois teigneuse, je me suis dis que travailler pour l’Anna Wintour du pauvre, cela me tentait moyennement. Voire même pas du tout.
Et avec courage et détermination… je me suis lamentablement dégonflée : j’aurais dû dire carrément que ça n’allait pas être possible. Mais il aurait fallu que j’explique pourquoi. Je me suis imaginée la situation inverse, si je recrutais et qu’une inconnue me traite sans préavis d’Anna Wintour du pauvre… tu vois le truc immonde ? En plus, cela aurait été assez malhonnête, car on est d’accord : c’est moi qui ai fait la démarche pour être là ? Bref. En théorie, je devais donc exposer ma génialitude (non, ce mot n’existe pas) pendant 30 minutes. J’ai donc consciencieusement déblatéré 5 minutes de platitudes. Hélas, apparemment, Anna est bien élevée et même si elle a eu un doute sur mon intérêt pour le poste, elle a jugé utile de continuer.
Donc, je me suis dit que l’expert ès Emarketing allait me sauver la mise. Je suis persuadée qu’il est très compétent en matière d’Emarketing. Mais on était au niveau 0 de la subtilité. Et là, je parle pour nous 2 : mon plan était clairement foireux. En même temps… toi, si tu demandais à un maître-nageur de te parler de la brasse et qu’il te parle du dos crawlé : tu te dirais qu’il y a un souci, non ? Ben, lui, non, apparemment. Je pensais qu’à un moment, il verrait le gap entre mon CV et ce que je lui répondais (ou ce que je ne lui répondais pas, d’ailleurs) et qu’il se dirait : OK. Message reçu. Je te libère et on ne te rappellera pas. Mais non : je suis quasiment sûre que quand il a enfin lâché l’affaire, il était sincèrement persuadé que j’ignorais réellement tout de l’Inbound Marketing. La bonne nouvelle, du coup, c’est qu’Anna ne me rappellera pas. La mauvaise, c’est qu’il y a un petit gars qui me prends pour une truffe. Et – hélas ! – je ne l’ai pas volé. Et pour finir cette journée en beauté, j’ai dû remplir un questionnaire avec des questions techniques de haut vol (type : qu’est-ce que signifie CMS ou pourquoi faire Crtl + C… j’ai glissé quelques réponses alternatives : on ne sait jamais, des fois que sur un malentendu, ils soient prêts à me donner une seconde chance 😀 !).
Sincèrement, j’ai honte de cette histoire de bout en bout.
(Sauf pour le questionnaire !)
Le fond du problème, c’est que je n’avais rien à faire là, mais j’ai cédé à la pression et à la tentation de la sécurité du salariat, parce qu’en ce moment, tout ne va pas forcément très bien dans ma vie. Et je pense inutile de préciser qu’une fois sur place, je n’ai pas du tout assumé ma bourde.
Je pense que tout entrepreneur est tenté par un retour éventuel au salariat. Mais peut-être que cela a plus de chance d’arriver au cours des premières années. En tout cas, c’est ce que je croyais. J’étais toute bouffie de fierté, genre : moi, je suis passée au travers. ET BAM, DANS TA MOUILLE, PILOU ! Heureusement, parfois, le passé a la bonne idée de se pointer…
Pendant cet épisode hautement surréaliste, il y avait tout un film qui défilait dans ma tête…
Les galères des débuts, les conneries du RSI, les remises en question, les doutes, les envies d’abandonner, les ami.e.s entrepreneur.e.s qui ont jeté l’éponge, celles et ceux qui sont arrivés, les rencontres, les mots gentils, les restos, les moments de routine vs les jours de 18 heures bloquée dans un train… et surtout, surtout, surtout…
Toi, les Gens avec qui j’ai bossé. Et Toi, les Gens avec qui je bosse actuellement. Et Toi, les Gens que je ne connais pas encore et avec qui je bosserai demain.
J’aurais dû te cacher soigneusement cet épisode lamentable. Je ne devrais pas te dire que je me suis laissée influencée, qu’une fois dans une situation délicate, je n’ai pas su gérer et que j’ai fais perdre une heure de vie à 4 personnes. Je suppose que le Karma va se charger de ma petite personne… Mais ça vaut la peine. Car sans cette honteuse mésaventure, je serais alors passée à côté de l’occasion de te dire une chose capitale…
3 commentaires sur « Le jour où je ne suis pas devenue salariée. Avec du love dedans. »