Je suis sûre que le phénomène ne t’a pas échappé : ces dernières années, l’intelligence artificielle est devenue une composante majeure de la rédaction web. Au-delà de l’engouement technologique, l’IA pose des questions concrètes de fiabilité, d’éthique, mais aussi de manière de produire du contenu qui touche à la fois l’humain et les moteurs de recherche.
L’IA en théorie et dans la pratique
Les études les plus récentes montrent que l’utilisation de l’IA dans le cadre académique et de la recherche offre des bénéfices dans plusieurs domaines, mais ces bénéfices s’accompagnent de risques sérieux. Une enquête de 2024 conduite par M. Khalifa et al., publiée dans ScienceDirect, a documenté que l’IA améliore la génération d’idées, la structuration de contenus, la synthèse de littérature, la gestion de données, l’édition, et l’adhésion aux normes éthiques.
Génial !, serait-on tenté de se dire.
Las ! Comme le soulignent d’autres recherches (Yousaf, 2025), l’un des problèmes liés à l’écriture assistée par l’IA est la génération de citations ou références incorrectes ou inventées. Ces “hallucinations” peuvent sérieusement compromettre la crédibilité d’un texte, surtout quand le lecteur s’attend à ce que des affirmations soient vérifiables.
Ah, voilà : je le savais bien ! – s’exclameront les opposants à l’IA. Permets-moi ici de te faire part de ma petite expérience. Aimant expérimenter avec notre bon ami ChatGPT, j’ai été moi-même témoin de ses fameuses hallucinations – et c’est quelque chose. Toutefois, j’invite à un peu de modération quant à l’idée que c’était mieux avant, quand seuls les humains « rédactionnaient ». En effet, un vieux débat agite le monde de la rédaction : faut-il être spécialisé dans un ou plusieurs domaines, ou peut-on faire des recherches et écrire sur tout ? Dans la pratique, si certain.e.s font preuve d’éthique et de conscience professionnelle, d’autres font des recherches… sur Google. Concrètement, cela consiste à prendre les premiers résultats, les mixer, les reformuler et bidouiller un texte qui passe (sur un malentendu !) pour faire du remplissage… mais auquel il est judicieux de ne pas se fier, tout rédigé humainement qu’il soit. Mais refermons cette parenthèse pour en revenir à l’IA…
Un rapport de The Authors Guild met en garde contre la tendance de certains auteurs à s’en remettre entièrement aux outils d’IA, sans transparence. Le rapport recommande que tout usage significatif d’IA dans un manuscrit soit divulgué aux éditeurs et, idéalement, aux lecteurs. Les politiques éditoriales des publications scientifiques illustrent cette exigence de transparence. L’American Chemical Society, par exemple, exige que les auteurs divulguent dans leur manuscrit non seulement quand l’IA a été utilisée pour générer des parties de texte ou d’image, mais aussi de quelle manière. Ces politiques cherchent avant tout à préserver l’intégrité académique.
Si tu es freelance, je te suggère de réfléchir à l’usage que tu envisages de faire (ou pas !) de l’IA et d’en discuter avec tes clients. Certains sont contre par principe, d’autres sont curieux de voir, d’autres pensent au contraire que l’IA va t’aider à leur fournir des textes magiques (auquel cas, je t’invite à modérer leur enthousiasme…).
Par ailleurs, différents travaux universitaires mettent l’accent sur les conséquences psychologiques et cognitives de la dépendance à l’IA. On observe que lorsqu’un rédacteur accepte sans vérification les résultats d’un outil, il court le risque de perdre en esprit critique, en capacité de recherche, en originalité. Une étude de 2024 sur les systèmes de dialogue basés sur l’IA a découvert chez certains utilisateurs une acceptation tacite des affirmations non validées, ce qui peut mener à des erreurs ou des biais implicites dans l’information transmise.
Peut-on détecter l’IA ?
Les détecteurs d’IA, conçus pour identifier les textes générés automatiquement, sont de plus en plus employés. Toutefois, ils sont loin d’être parfaits. Une étude récente a montré que les outils de détection peuvent présenter des biais contre les rédacteurs dont l’anglais n’est pas la langue maternelle, classant à tort certains textes humains comme “générés par IA”, ce qui pose des problèmes d’équité et de confiance. Sans parler des légendes urbaines qui pullulent sur les réseaux sociaux (la plus fameuse étant que l’usage du tiret cadratin est LA preuve indiscutable de l’usage de chatGPT… ce qui laisse à penser que tel Dr Who dans son Tardis, je voyage dans le temps, car ce tiret d’une pertinence discutable en français est l’un de mes caractères préférés !)
L’IA est-elle réellement prête à nous remplacer ?
NON. NÃO. NEIN. NEE. NEJ. NEJ. NEI. NIE. НЕТ. لا. 不. いいえ. 아니요. (Sauf pour traduire « Non » en langues que je ne parle pas – et encore, je ne suis pas sûre de mon coup, puisque je ne les parle pas !). Car l’usage de l’IA exige le maintien d’un contrôle humain vraiment minutieux. Il ne suffit pas de générer du contenu : il faut l’intégrer, le retravailler, le vérifier, le colorer de sa propre voix. Et je le redis : l’éthique impose aussi la divulgation claire de l’usage de l’IA, tant aux clients qu’aux lecteurs, afin de préserver la transparence et la confiance.
En somme, l’intelligence artificielle dans la rédaction web ne se présente ni comme une panacée, ni comme un simple risque abstrait, mais comme une opportunité à condition d’être accompagnée de rigueur. Il convient de ne pas sacrifier la vérification ni la singularité humaine à la vitesse ou à la production de masse. Tout contenu trouvé, généré, proposé par un outil d’IA doit être soumis à un regard critique. Est-il exact ? Est-il utile ? Est-il bien écrit dans le style approprié ? Et accessoirement… est-il éthique ?
Et souviens-toi : « L’intelligence artificielle ne remplacera jamais la pensée humaine, car si elle sait produire des phrases, elle ignore encore ce que signifie un silence. » Laurent Béraud
Enfin, ne t’en souviens pas trop quand même : la citation et son auteur sont des créations de chatGPT, que j’ai bel et bien utilisé (car NON, je ne sais pas dire « non » en autant de langues 😀 !). Mais il n’est pas exclu que Google la récupère et qu’on la retrouve dans un article rédigé par un.e humain.e un peu trop pressé.e !
Si tu veux aller plus loin :
- Khalifa, M., et al. (2024). Using artificial intelligence in academic writing and research. ScienceDirect.
- Yousaf, M. N., et al. (2025). Practical considerations and ethical implications of using AI-assisted academic writing. PMC.
- The Authors Guild. (2024). AI Best Practices for Authors.
- ACS Publications. Artificial Intelligence Best Practices and Policies.
- Étude sur la sur-dépendance aux systèmes de dialogue IA : effets cognitifs, biais implicites. SpringerOpen.
- Étude sur les détecteurs d’IA et les biais linguistiques contre les locuteurs non natifs. arXiv.
- GenAI policy documents sur l’utilisation responsable, transparence, droit d’auteur. University of Illinois.






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